Depuis ses premières créations et l’affirmation de sa vocation d’artiste (première exposition personnelle en Juin 1990 à Tunis) jusqu’à ses toutes dernières œuvres réalisées pour son Exposition « Pensée » (en Novembre-Décembre 2019 chez Galerie Saladin, Sidi Bou Saïd), la plasticienne tunisienne Rim Ayari (née en 1970), désormais installée à Paris, développe sa démarche artistique avec une grande détermination. Faite de recherches, d’études, d’expérimentations, et de concepts structurés, son approche hors courants et hors Ecole vise in fine le graal de tout artiste : se trouver soi, son style, sa signature, et l’exprimer pleinement dans une œuvre la plus personnelle et singulière qui soit. Lors de sa précédente exposition tunisienne (chez Galerie Saladin, 2015), Rim Ayari avait décliné un art abstrait basé sur une expression instantanée et souvent spectaculaire. Cette première intention de l’esprit et du corps en mouvement, plus qu’une simple technique, mais bien une philosophie artistique, lui permit, à l’instar de l’écriture automatique chez les auteurs surréalistes*, de se libérer partiellement de certaines contraintes du figuratif et d’autoriser la matérialisation de tout un magma de forces lumineuses et obscures qui bouillonnent, éruptionnent et nous conditionnent en permanence. En développant une subtile esthétique de la liberté, vocabulaire pictural qui certes connaît les règles formelles et les conventions, mais privilégie avant tout une révélation personnelle authentique, ce langage visuel primal, brut, sauvage, instinctif, favorisa paradoxalement des motifs universels, des archétypes tels que le chagrin, la peur, le désir, le bonheur. Toutefois, aller au-delà de fusionner l’art du geste intuitif et spontané, à celui très réfléchi dans le choix et traitements des motifs, est l’ambition avouée de Rim Ayari. « Je réclame la liberté à grand prix. » disait Camille Claudel (1864-1943), plasticienne parisienne qui sculpta passionnément jusqu’à s’y brûler l’âme et les doigts. L’exercice existentiel alors mené, années après années, sur différents supports et par différentes techniques, permit à Rim Ayari d’approfondir ses thèmes préférés, d’affiner ses obsessions, d’épurer son langage, d’ancrer ses intentions. Variations après variations, projets après projets, ce long cheminement pratiqué généra des œuvres remarquées en France, Espagne, Maroc, Turquie, Chine et Japon. Rim Ayari revient donc en 2019 à Sidi Bou Saïd (toujours chez Galerie Saladin) dans un nouveau registre pour elle, avec des aquarelles résolument classiques dans la conception, mais fortes d’une pensée plus libre et dépouillée que jamais. Dans un jeu tout en nuances d’ombres et de lumières, l’artiste met en scène des silhouettes et postures de femme qui tantôt nous rapprochent, tantôt nous éloignent, des introspections, de l’intimité et surtout de l’identité complexe de l’artiste. A fleur de peau, âmes et corps mis à nus, la femme et ses secrets, la féminité et ses charmes, l’émotion et ses ressentis, le sentiment et ses absolues, toute une intériorité contenue, trouvent ici de délicates incarnations. Les visages, les regards, les mains, les dos, autant d’objets de médiation devenant sujets de séduction dans un dialogue corps-esprit courtoisement mené, Rim Ayari nous offre les confessions d’une âme supra sensuelle, les idées et réflexions d’une créatrice qui encore se renouvelle, les confidences très intenses et personnelles d’une femme en émancipation perpétuelle.
*André Breton et Philippe Soupault dans Les Champs Magnétiques, 1919
Exposition personnelle « Pensée » de l’artiste-peintre tunisienne Rim AYARI chez Galerie Saladin (Sidi Bou Saïd, Tunisie) du 26.11.2019 au 11.12.2019. Entrée Libre.
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Franco-Tunisienne née en Tunisie le 2 Mars 1970, Rim Ayari, professionnelle depuis 1989, est une plasticienne reconnue pour son travail artistique en sculpture et peinture (Lauréate de la médaille de Bronze en 2014 et de la médaille d’Argent en 2016 décernées par la Société Académique d’Arts Sciences-Lettres à Paris), avec de nombreuses expositions personnelles et collectives en Tunisie, France, Japon, Chine, Egypte, Maroc …, et aussi très active dans de nombreuses organisations culturelles internationales : Commissaire du pavillon arabe du Salon d’Automne de Paris 2014 ; Coordinatrice du Salon International Sarria d’Espagne (2015) ; Présidente de l’Association Ensemble d’Art Contemporain et Fondatrice et Coordinatrice Générale du Symposium Ensemble d’Art Contemporain (quatre éditions organisées et la cinquième est prévue pour avril 2020).
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