Symphonies ludiques, sérénades légères, quatuors élégants, sonates virtuoses, marches funèbres, sombres messes solennelles et concertos éblouissants, toute entière l’œuvre du compositeur Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) se révèle être une prodigieuse prière musicale. Ainsi ses opéras, souvent rieurs, enchanteurs, parfois tragiques, ruissellent pleinement de profonde bonté humaine. Par des voyages intérieurs initiatiques, chemins d’éveil parfaitement codifiés, nourrissent et murrissent généreusement nos destinés. Ses personnages joyeux et dramatiques, à l’instar de la féerique et douce Pamina, si fragile, si craintive, deviennent alors autant de lumières chantées pour instruire et orienter le coeur humain vers la sympathie fraternelle, l’empathie, la compassion, la bienveillance, l’amitié. Pourtant, au fur et à mesure des mesures, des mots et des années, le compositeur ouvre différemment la bonde de son cœur, révèle l’envers de son âme, sa face cachée, ses mauvais penchants, mauvais démons, sa noirceur. Il libère son ombre peureuse, prudente, tremblante, triste et méchante, animale, primitive et coléreuse, ombre trop sombre, trop noire, double obscur de lui-même, souvent masqué, par hypocrisie savante, pour surmonter la souffrance, la perte, le chagrin, la douleur, les rancœurs enfouis et secrets fossilisés, l’intempestif, l’éphémère. Et permettre malgré tout à l’individu penché en équilibre au-dessus de l’abîme de vaincre sa nuit, de revoir l’aurore, revoir le jour.
MOZART : AVE VERUM
Extrait du recueil LE DANDY DE PARIS (2016)







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